Les enquêtes du Juge Ti

Présentation :

Robert Van Gulik  est  connu pour sa série phare : les enquêtes du juge Ti. Au vu de sa carrière de diplomate, de sinologue, de son érudition ou tout simplement de son ouverture d’esprit, on pourrait presque trouver  cela dommage. Pourtant, repris par plusieurs auteurs (dont Frédéric Lenormand) cette série policière se déroulant dans la chine du VIIième siècle de notre ère mérite amplement sa réputation. Avant de proposer un avis sur chacun des enquêtes, voici une brève présentation des éléments à connaître sur cette série.

L’auteur :

Robert Van Gulik est un écrivain néerlandais qui vécut de 1910 à 1967. Très tôt attiré par les langues orientales, il deviendra un fin sinologue, un bon calligraphe, un joueur de luth,  un polyglotte de haute volée  tout en gagnant sa vie comme diplomate. Il découvre et traduitassez jeune un ouvrage policier chinois (Dee Gong An) basé sur la personne d’un juge ayant véritablement existé au VIIième siècle. Attiré par l’époque, la civilisation chinoise et sans doute amateur de challenge, Van Gulik va reprendre ce personnage pour en faire le héros d’une série originale. Il va ainsi écrire plus de 16 romans (et quelques nouvelles) mettant en scène cet individu atypique, avec un soin du détail confinant au raffinement.

Le juge Ti vu par l’auteur :

Le juge à l’époque est LE notable capital d’un district, d’une ville, il a la charge de faire régner la loi, de rendre justice, de veiller au bon fonctionnement civil et administratif de la cité. Ses pouvoirs et ses responsabilités sont une charge difficile, d’autant que s’il a des moyens assez larges et peut avoir recours à des méthodes comme la torture, il n’en reste pas moins entravé par les protocoles, une certaine réserve et la nécessité de fournir des preuves et des aveux à une époque où  aucune des techniques d’investigations modernes n’existait.

Pour autant, Gulik refuse de faire de son héros un « super détective », et s’il lui attribue un sens de l’observation aiguisé doublé d’un esprit habile, il en fait surtout un fin psychologue doté d’une stature hautaine, voire assez rigide en ce qui concerne ses principes  moraux (confucéens). S’il sait faire preuve d’un jugement  humain souvent infaillible, il fait preuve d’étonnants préjugés… Comme il est souvent accompagné de ses fidèles acolytes et serviteurs, on comprend qu’il est tout autant le héros de l’intrigue du fait de ses talents de détective, qu’un protagoniste d’un récit complexe à plusieurs voix. Une manière de placer le juge Ti au centre de la ville, de l’histoire, des tribulations mais également de prendre une certaine distance avec lui, de rappeler qu’il est avant tout un homme.

Le juge Ti est par ailleurs un excellent bretteur (il est armé d’un sabre ancestral : « dragon de pluie »), un boxeur émérite, un amateur de thé, un homme fidèle et un adepte de Confucius.

L’approche romanesque :

C’est sur cette base que l’auteur va s’évertuer de à respecter les préceptes du roman policier chinois. Chaque roman propose trois enquêtes, qui peuvent être ou non reliées entres elles. L’auteur s’attache à brosser un tableau historique des plus fidèles évitant au mieux les anachronismes, ce souci du détail touche aussi bien les coutumes, la morale, l’économie que les mœurs en général. Même si comparé à un roman policier chinois le nombre de protagonistes est considérablement réduit, l’esprit d’une polyphonie reste attaché à ces ses ? écrits. Il va même les illustrer à base de calligraphie dans le style de l’époque. Ainsi, le juge est mis face à une situation plus ou moins mystérieuse, il va devoir dénicher les indices et remonter une piste pour retrouver la logique des évènements. En prime, Gulik utilise l’étrange, le paranormal -mais avec parcimonie-, sans emplir tout le champ narratif ce qui finit de donner à l’ensemble une touche d’authenticité.

Pour finir :

Loin des recoins poussiéreux de beaucoup de récits historiques, Gulik est parvenu à s’approprier un genre, à le faire revivre avec brio ; prenant soin de toujours garder le plaisir de la lecture (et de l’écriture) au cœur de ses ouvrages. Le contexte ne s’impose pas, il n’arrive pas par grosses tranches de descriptions érudites et pesantes. Il nous vient par petites touches, en catimini ; avec des parfums, des repas, des habits, des murmures… jusqu’à nous emporter dans son sillage.

Une série à lire et à relire.

Les avis :

Comme la série est entièrement éditée dans une intégrale en 4 volumes aux éditions La Découverte, je vais chroniquer les enquêtes au fil de mes lectures (éparpillées dans le temps) de ces tomes.

Trafic d’or sous les T’ang (volume 1)

– Le paravent de laque (volume 1)

Cinq nuages de félicité (volume 1)

Une affaire de ruban rouge (volume 1)

Le passager de la pluie (volume 1)

Meurtre sur un bateau-de-fleurs (volume 1)

le matin du singe (volume 2)

Le monastère hanté (volume 2)

Meurtre sur l’étang de lotus (volume 2)

Le squelette sous cloche (volume 2)

Les deux mendiants (volume 2)

La fausse épée (volume 2)

Le pavillon rouge (volume 2)

La perle de l’empereur(volume 3)

Le collier de la princesse(volume 3)

Assassins et poètes (volume 3)

Le mystère du labyrinthe (volume 3)

La fantôme du temple (volume 4)

Les cercueils de l’empereur (volume 4)

Si vous voulez creuser un peu le sujet :

Un site superbe

Frédéric Lenormand le « repreneur » français.

Le film de Tsui Hark.

2 réflexions à propos de “ Les enquêtes du Juge Ti ”

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