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Allez savoir pourquoi, je me suis cru en Italie. Au départ je me suis dit que j’avais dû suivre Burma dans son voyage en province (dans l’Héraut) et que j’avais pris du Giono à mes côtés. Un petit coup de la première page du hussard sur le toit avec ses arbres italiens et voilà que le cimetière (pas si marin) de la nouvelle faisait écho à tout ça (non parce qu’après l’aspect idyllique de la première page, ça se gâte un chouïa dans le hussard).

Et puis, il faut bien l’admettre, c’est surtout l’image de Manset dans sa ballade des échinodermes qui m’est revenue, avec son oiseau qui mange la chaire de nos yeux quelque part sous un pin marin (et puis ça se passe aussi en Italie comme scène).

En même temps, vous me direz que c’est normal le début était trop original (différent) pour augurer quelque chose de véritablement prévisible. Encore une fois la fille est jolie, encore une fois Burma fait tout pour ses beaux yeux (enfin, ici ses jambes, élément qui revient plus souvent qu’à son tour) et encore une fois elle disparaît dans la brume du temps. Mais tout est raconté rapidement, avec un recul un peu désabusé, comme un reflet sur une flaque d’eau (ne me demandait pas pourquoi, il pleut aussi, parfois, en Italie). Dès lors, lorsque la belle appelle à l’aide, on se déplace pour la rejoindre la nostalgie au cœur. Les mort s’amoncellent (enfin deux, dont un suspect potentiel), le suspect évident l’est tellement (suspect et évident) que Burma fini par s’en vouloir de son attitude, sans doute conscient d’agit plus par jalousie que par esprit de justice. Pour finir la solution sera bien trouvée au cimetière et la donzelle n’aura été qu’une péripétie, qu’une pierre dans la jardin de la mort (difficile de ne pas percevoir une ombre au tableau paradisiaque final).

Outre sa teinte pastelle (il faut oser) plus que gothique (le cimetière ici est source de résolution, de confession mais également de confession), cette nouvelle nous permet de lire un passage curieux sur, je vous le donne en mille, ce bon vieux Sherlock (il y avait longtemps). Curieux, parce que si d’ordinaire on décèle un petit pique en arrière fond de la mention à l’illustre détective, et que cette pointe acerbe ne manque pas ici, il est également fait mention de l’adage de l’anglais sur la vraisemblance des solutions à une énigme. D’une part Burma semble refuser de côtoyer le même sérail que Sherlock (on sent que le monologue constant de Burma met en avant une rhétorique du verbe, de l’élan dialoguée, de l’amour de l’instant, là où la parle rapportée est polissée et sans heurt chez Sherlock), d’autre part il paie son tribut à la construction mentale nécessaire pour résoudre une enquête. Se faisant, il y a toujours ce jeu des tiraillements (dont j’ai déjà dû causer auparavant) dans ce récit (on repense au roman dans lequel Burma dit aimer la méthode scientifique), entre d’un côté la nécessité de réfléchir, d’utiliser les détails les plus infimes pour venir à bout d’un mystère et de l’autre suivre son instinct, son intuition. Il me semble que les périodes « méditations » (ici sous un arbre, à Marseille sur lit de fortune et à d’autres endroits), de rêveries (causées par le sommeil, une chute ou une matraque) permette de connecter ces extrêmes. De ce processus jaillit une direction à suivre (à défaut d’une solution) mais également la tristesse qui accompagne les instants de lucidité.